Un vol humiliant
Après deux ans d'incontinence fécale et urinaire complète, je croyais avoir suffisamment d'expérience pour pouvoir composer avec n'importe quelle situation en ressentant uniquement un peu de gêne. Ce sentiment a toutefois changé hier durant un vol vers San Francisco; j'allais visiter une amie du collège que je n'avais pas vue depuis près de quatre ans. Depuis que je suis incontinente, j'ai pris l'avion seulement deux fois, et ces deux vols étaient beaucoup plus courts; de plus, mon mari et mes enfants m'accompagnaient. Pour ce voyage-ci, je voyageais seule sur un vol transcontinental beaucoup plus long entre Boston et San Francisco. Je savais qu'un vol plus long nécessiterait un changement de couche à mi-vol, car je peux rarement rester plus de quatre ou cinq heures sans avoir à me changer. J'avais apporté trois couches et un contenant de voyage de lingettes dans mon sac grand sac à main. Je suis montée à bord de l'avion confiante et très enthousiaste à l'idée de revoir une amie chère.
J'ai toujours aimé avoir un siège côté hublot pour pouvoir regarder dehors pendant tout le vol. Une heure après le départ, je lisais mon livre quand j'ai senti une légère odeur indiquant que j'avais peut-être eu une fuite fécale. J'ai tout de suite espéré que ce n'était pas vrai, car l'idée d'avoir à me nettoyer dans un avion me dépassait un peu. Après quelques minutes, comme l'odeur commençait à s'intensifier, je suis devenue convaincue qu'il fallait que je me change rapidement. C'est à ce moment que la situation a commencé à devenir humiliante. Entre l'allée et moi, il y avait deux hommes d'affaires travaillant sur leur ordinateur portable, et le chariot de boissons se trouvait entre moi et les toilettes à l'arrière de l'avion. J'ai demandé aux hommes d'affaires s'ils pouvaient me laisser sortir, ce qu'ils ont fait. Pendant que je sortais de mon siège, je me suis rendue compte avec embarras que ma taille passait vraiment près d'eux pour quelqu'un qui avait quelque chose de désagréable sous sa robe. Je suis immédiatement devenue rouge foncé en pensant que ces hommes allaient non seulement entendre le moindre froissement de ma couche, mais que l'odeur qui me suivait allait confirmer leurs soupçons que la femme assise à côté d'eux venait de se souiller. J'ai aussi pensé que j'allais devoir revenir m'asseoir à côté d'eux pour trois autres heures.
Je ne savais pas encore que les choses allaient empirer. Quand je me suis approchée du chariot de boissons, l'agent de bord m'a dit que je devais retourner m'asseoir jusqu'à ce qu'ils aient passé ma rangée. Je l'ai suppliée en lui disant que c'était une urgence, mais elle n'a pas cédé. Je suis donc retournée à mon siège. En passant à côté de mes hommes d'affaires, j'ai essayé de garder mon calme et d'utiliser les compétences acquises en deux ans d'incontinence. Cependant, en m'asseyant, je me suis rendue compte que je venais de rendre le nettoyage beaucoup plus difficile et j'ai commencé à pleurer. J'ai essayé de le cacher en faisant face à la fenêtre, mais en attendant que l'allée se libère, je pouvais entendre les gens dans la rangée devant moi parler de l'odeur et souhaiter que « la mère change la couche de cet enfant », et j'ai éclaté en sanglots. J'ai tenté de garder mon calme et de penser à ce que j'allais dire (j'ai appris qu'honnêteté et confiance en soi aident souvent dans les situations gênantes), mais durant ces dix minutes assise, j'avais une énorme difficulté à me concentrer sur ces leçons apprises. Le chariot de boissons finalement passé, j'ai pu me rendre à la toilette. Les larmes aux yeux et toujours rouge, j'étais un vrai désastre quand j'ai demandé aux hommes d'affaires de me laisser passer.
Je suis finalement arrivée à la toilette, et même si j'étais soulagée d'être enfin seule, je me suis rendue compte que l'espace étroit allait présenter une difficulté encore plus grande que ce que je pensais. J'ai dû me déshabiller, enlever mon collant et la couche sale, puis me laver. Après 15 minutes, plusieurs personnes cognant impatiemment à la porte, j'étais finalement prête. Il restait deux difficultés : jeter la couche et affronter les deux hommes d'affaires pour encore deux heures et demie. Il était évident que la poubelle ne pourrait contenir une couche pour adulte, donc j'étais très contente d'avoir le sac de plastique que je transporte toujours pour l'envelopper et la mettre dans mon sac à main (remarque pour les gens souffrant d'incontinence : impossible d'être trop préparé). Une fois de retour à mon siège, j'ai dit aux deux hommes d'affaires que j'étais désolée pour tout. Je crois qu'ils étaient trop gênés pour me répondre autrement que par un hochement de tête.
Non habituée à l'heure de la côte ouest, je suis présentement éveillée et assise dans la cuisine de mon amie, espérant que ce message diminuera la gêne que je ressens par rapport à ce vol, comme je dois recommencer le processus dans quelques jours. Je crois que le plus difficile dans tout ça était de devoir rester près de ces « étrangers » après un accident aussi public. Par le passé, les accidents en public pouvaient être mis sur le compte d'un de mes enfants (désolée, les garçons) ou se sont produits dans un endroit au va-et-vient suffisant pour atténuer le malaise. Je suis désolée que ce message soit si long. J'espère que mon histoire aidera d'autres personnes à mieux gérer les situations difficiles qui pourraient survenir!